SA VISION
C'est beau la vie
Sous le titre Un Français libre, L'Age d'Homme publie le journal d'un écrivain méconnu du grand public qui entretient une fraternité d'esprit avec ces grands vivants que furent Cendrars, Miller ou Stevenson.
Grand voyageur, ethnologue, cinéaste, artiste par-dessus tout, Jacques d'Arribehaude considère la générosité comme la plus grande qualité qu'on puisse trouver chez un être humain. Originaire de Bayonne, émule de Don Quichotte, il est adolescent quand l'armée allemande envahit la France. Première rébellion, premières aventures. Après avoir goûté de la prison, il bourlingue sur les confins d'une Europe en ruines, rencontre Céline puis appareille pour l'Afrique... Pour lui, vie et littérature sont inséparables... Perchée sur son épaule, la perruche Phébus s'attaque à la Légion d'honneur cousue au revers de son veston. Dans un flamboiement d'élégance, il récite un poème espagnol, parle de Shakespeare ou Saint-Simon... Dans un monde critiqué pour son matérialisme, cet incorrigible rêveur nous donne une belle leçon de résistance...
Les quatre volumes du journal publiés aujourd'hui couvrent les années 60 à 68... Dans quelles circonstances les avez-vous rédigés ?
C'est la maladie qui m'a poussé à écrire... Ma santé se dégradait, j'avais le foie en miettes. On me faisait des transfusions, j'avais les pieds qui enflaient. Les médecins m'ont dit : « Il faut faire une transplantation du foie. » L'intervention a été lourde puisqu'il a fallu non seulement me changer le foie mais aussi un rein...
Votre existence a pris un tournant capital au moment de la guerre car vous ne pouviez accepter l'Occupation...
J'étais un rebelle depuis l'adolescence. J'habitais alors chez mes parents à Bayonne, petite sous-préfecture à la frontière espagnole. L'inadmissible, ça d'abord été la défaite de 1940, puis l'arrivée des Allemands jusque chez nous, précédés par ce flot insensé de réfugiés qui débarquaient dans des conditions épouvantables. Du jour au lendemain, le drapeau à croix gammée a flotté sur la mairie. On entendait les chants allemands... Dès que j'ai atteint dix-sept ans, je suis parti vers la France libre. J'ai alors connu des moments d'exaltation, mais aussi pas mal de déceptions.
À la Libération, je n'ai pas rencontré l'idéal que je recherchais, pour la bonne raison que la victoire, au lieu d'amener le renouveau espéré, a réinstallé la situation qui nous avait conduits à la défaite. J'ai vécu cela comme une imposture, et à partir de cette période, je me suis trouvé à contrecourant des opinions générales... Heureusement, toute ma vie, j'ai été accompagné par de grandes lectures. Et cela me délivrait de l'impression de solitude effroyable où je marinais.
Vous avez eu le privilège de rencontrer un de ces grands écrivains, justement. Je veux parler de Céline...
La rencontre de Céline m'a permis de surmonter la dépression que je traversais durant les derniers mois de la guerre. À la suite de mon incarcération dans une prison d'Espagne, à Badajoz, j'avais été très malade. J'avais attrapé une hépatite qui m'avait considérablement affaibli. Après un petit intervalle à la première division française libre en Libye, je ne fus pas admis dans le service armé. Je me suis donc retrouvé inscrit maritime à Alger et bon pour la marine marchande. J'ai navigué sur un pétrolier, notamment en Sicile, dans l'Adriatique, et jusqu'en Grèce... Tout le long, surtout en Italie, je voyais un pays bombardé, dévasté.
Il régnait partout une misère et une corruption abominables. Je voyais la destruction de l'Europe, une guerre fratricide épouvantable, ce qui m'a plongé dans une dépression profonde... En Sardaigne, j'ai acheté le " Voyage au bout de la nuit " chez un bouquiniste. Ça été une vraie thérapie, parce que Céline exprimait exactement ce que je ressentais, et notamment l'horreur de la guerre...
Il avait plutôt mauvaise réputation...
Oui, mais je l'ignorais. Je voulais absolument le rencontrer. Cela s'est produit quinze ans plus tard, grâce à un ami, Philippe Sénart, qui connaissait une femme inscrite aux cours de danse de Lucette Almanzor, la compagne de Céline.
La première rencontre a été plutôt brève. À votre demande d'entretien, Louis-Ferdinand Céline répond : « Je n'entretiens pas. »
C'est exact... Mais j'avais quand même senti de sa part un accueil sympathique. Il avait fini par dire : « Écrivez-moi et je vous répondrai... » Ce qu'il a effectivement fait.
Comme vous étiez cinéaste, Céline a fini par imaginer que vous alliez adapter le " Voyage au bout de la nuit ".
Il m'a même raconté un nouveau départ du " Voyage " dans la perspective d'une adaptation filmée ! C'est un récit tellement intérieur... À mon avis, il ne faut pas y toucher. Ce que je regrette n'avoir pu faire, en revanche, c'est un documentaire sur Céline. On a enregistré sa voix, mais il ne voulait pas d'images. « Pas d'images ! », voilà ce qu'il répétait.
D'importants chapitres de votre livre se déroulent en Afrique...
J'ai travaillé trois ans au Tchad dans une grande société... Puis, ça été l'lndochine... J'ai tardivement obtenu un diplôme d'ethnologue, et j'ai ainsi pu retourner en Afrique. Ce magnifique continent a beaucoup compté pour moi car j'y ai trouvé ce qui me manquait le plus en Europe, une absence totale de souci du temps et de l'argent. Je préférais rester pauvre, mais garder la liberté de ne pas me presser, de coller au rythme naturel des choses. Échapper à la frénésie, voilà le luxe véritable.
Vous ne vous êtes jamais laissé embrigader. Est-ce par tempérament ?
Je suis vraiment individualiste dans le sang. Peut-être est-ce dû à mes origines ? Les navigateurs, les corsaires basques, vivaient en marge des lois... Inféodés à rien. Tous les Navarrais se considèrent comme nobles. Ce qui compte, c'est la démocratie municipale, aristos et peuple confondus... Vous savez, j'ai récemment rencontré des jeunes gens d'une trentaine d'années qui se retrouvent tout à fait dans ce que j'écris. Le temps permet de réajuster les choses, de s'y retrouver. Le secret, c'est de durer.
(Entretien recueilli par Serge Sanchez, Imprévu, n° 5, avril 2001 (" C'est beau LA VIE ")
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AMITIES
1942-1943 : J'ai pour professeur d'anglais au lycée de Bayonne Jean-Louis Curtis (de son vrai nom Louis Laffitte), futur prix Goncourt, qui, le premier, m'encourage à écrire. Une amitié sans faille qui s'est maintenue jusqu'à la mort de l'académicien, en 1996.
1949 : Rencontre au Festival du Film Maudit à Biarritz de Roland et Denise Tual, producteurs et réalisateurs associés, dont je deviens l'assistant. Roland Tual, lié dans sa jeunesse au surréalisme, proche de Gallimard et de tout ce qui compte dans la vie artistique et littéraire de l'époque, s'éprend de mon premier manuscrit, " Semelles de vent ", et s'indigne de le voir refusé, malgré son insistance, par son ami Gaston Gallimard.
Je reçois un meilleur accueil auprès des naissantes éditions de La Table Ronde, que dirige Roland Laudenbach. C'est chez mes amis Tual que je rencontre René Clair, Jean Cocteau, Laurence Olivier et Vivian Leigh, Annabella, et autres figures de l'époque, mais c'est seulement avec Roland Tual que je garde une relation durable jusqu'à sa mort en 1955, peu après mon long séjour outre-mer, au Tchad et en Indochine.
1951 : Rencontre du génial Émile Cioran.
1956 : Rencontre du graphiste, créateur notoire de la maquette du Club Français du Livre, l'artiste et illustrateur Jacques Darche, qui comptera jusqu'à sa fin parmi mes meilleurs amis, et me fait connaître l'écrivain et critique Philippe Sénart, qui soutient mon premier livre publié à La Table Ronde, " La grande vadrouille ", comme il soutiendra " Semelles de vent " enfin paru en 1959, ainsi que la suite de mes publications jusqu'à nos jours.
Roland Laudenbach me présente Alexandre Astruc, avec lequel je sympathise, et Jean-Edern Hallier, que je reverrai souvent et longuement par la suite.
1957 : Guy Deray, jeune cinéaste connu au Laos (auteur du court-métrage : " Les petites filles modèles ", tiré de la comtesse de Ségur), me présente Éric Rohmer. Ce sera le début de relations durables. En 1967, Rohmer m'aidera à remanier le scénario du film " Deux filles " (co-écrit avec Roussia de Khotcholava, ma future épouse) pour lequel j'obtiens l'avance sur recettes du C.N.C. (Centre National de la Cinématographie), que les événements de 1968 m'empêchent de réaliser.
1959 : Rencontre du légendaire scénariste Charles Spaak et relations amicales jusqu'à sa retraite dans le Midi...
1960-1961 : Entretiens à Meudon avec Louis-Ferdinand Céline. Philippe Sénart me fait connaître deux jeunes auteurs que j'apprécie autant que lui, Gabriel Matzneff et Christian Dedet. Origine d'une relation suivie et particulièrement amicale avec Christian Dedet, prix des libraires 1985 avec " La mémoire du fleuve ". Rencontre des cinéastes Jean Rouch et Joris Ivens.
1963 : Correspondance et amitié avec Dominique de Roux, fondateur des célèbres Cahiers de l'Herne.
1967 : Rencontre de l'écrivain et philosophe Edgar Morin, qui donne un avis favorable au C.N.C. pour l'attribution d'une avance sur recettes pour mon scénario : " Deux filles ", et que je reverrai beaucoup plus tard.
1972 : Rencontre et correspondance amicale avec le romancier Willy de Spens que me fait connaître Philippe Sénart.
1982 : Correspondance et amitié avec Marc Laudelout, directeur du Bulletin célinien.
1983 : Rencontre avec l'écrivain-mélomane Marc-Edouard Nabe.
1995 : Lettre d'Edgar Morin, intéressé par le manuscrit d' " Une saison à Cadix ". Sur la suggestion d'Edgar Morin, l'essayiste Jean-Claude Guillebaud envisage, sans se décider, la publication du manuscrit chez les éditions Arléa.
Rencontre très amicale du jeune auteur-éditeur Pierre Chalmin, qui publie " Une saison à Cadix ", premier volume de mon journal, Jean-Claude Guillebaud acceptant sa distribution par Le Seuil.
1997 : Rencontre de l'écrivain, scénariste et critique cinématographique Michel Marmin, qui me fera connaître un autre poète remarquable, son ami Jean-Charles Personne.
1999 : Rencontre de Michel Arveiller, universitaire, spécialiste de Léon Bloy, dont l'érudition et l'amitié apportent un précieux soutien dans mes recherches.
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L'encre du Salut, par Pierre-Vincent Guitard
L'encre du Salut est l'histoire de ce troc, où il abandonnera le vagabondage sexuel qui commence à lui peser pour entrer dans un monde où l'argent ne manque plus :
- Maintenant à moi de m'accrocher, mais c'est bien parti. Très bons contacts avec les techniciens, caméraman, sondier, chauffeur-éclairagistes, monteur, et pour les conditions, j'ai failli tomber raide, finie la mouise, c'est Byzance!
C'est à partir d'un travail sur Louis Lecoin que commence sa carrière cinématographique et c'est pour nous l'occasion de revenir sur les idées de J. d'Arribehaude héritier de Céline bien sûr, et bien que ne l'ayant pas vécue ayant comme lui en mémoire le souvenir de cette effroyable guerre de 14 .
- Il me suffit d'être un peu fatigué ou désemparé pour que la moindre évocation des tueries de 14-18 me submerge parfois, et de plus en plus fortement avec les années, d'émotions incontrôlables. [...]
La dignité, le courage, l'honneur, de tous ces humbles massacrés, morts pour rien, et tellement bafoués.
A chacun de mes séjours à Bayonne, je regarde la photo de cet oncle que je n'ai pas connu ; sa croix de guerre, sa " médaille militaire à titre posthume ", l a " citation à l'ordre du régiment ".
Maman m'a toujours dit que je lui ressemblais.
C'est peut-être là que commence la parenté avec Céline, c'est en tout cas l'une des racines où se nourrit sa résistance aux idées toutes faites, la seconde étant la défaite de 40. Jacques d'Arribehaude est avant tout un résistant :
- Réaction se confond tout simplement pour moi avec résistance, et de toutes mes forces. Résistant, donc réactionnaire, mais bien sûr, et plutôt mille fois qu'une. Dissident j'étais, dissident je reste.
Si l'on est parfois choqué de ses accès de colère et de la violence non maîtrisée de ses mots contre les lieux communs de notre époque c'est de ne pas comprendre le désespoir qui les anime, la formidable perte dont ils sont issus, celle du paradis, celui de l'enfance bien sûr et particulièrement de la sienne, mais c'est surtout de ne pas comprendre la violence de l'agression qu'il a subi lorsque les Allemands entrant dans Bayonne lui ont volé ses rêves.
Cette colère apparaît ici parfaitement cohérente, tout d'abord celle de l'inhumain sacrifice de 14, puis du stupide traité de Versailles, de l'incompétence de la 3eme République, enfin après la guerre, des mensonges sous lesquels on a enseveli la réalité de Vichy :
- Dieu sait pourtant si [...] j'avais pu me sentir loin des mines contrites, des faces de carême et du " patrouillotisme " cocardo rataplan catéchiseur de Vichy-les-Nouilles, mais enfin, tant d'acharnement à dénoncer ce régime si tranquillement supporté par l'immense majorité de la population n'en est pas moins répugnant.
Et de la Résistance : [...] mais il [de Gaulle] porte le poids de l'immense supercherie, qui me fut intolérable à l'époque, d'un pays unanime dans la " Résistance " ...
PENVINS (20-08-2005)
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QUESTIONS A JACQUES D’ARRIBEHAUDE
Au sujet de La grande vadrouille, d'abord la même question : quelles années de votre vie sont narrées là ? La fin des années 40, le début des années 50 ? Y a-t-il des épisodes fictifs dedans ?
La grande vadrouille. Puisé dans mon Journal de 50 à 54. Arrangé en roman mais avec moins de fiction que dans Semelles de Vent. Tout ce qui concerne mes relations avec " Sébastien " est pure réalité. En reprenant cela dans Cher Picaro, j'avais l'intention d'améliorer le personnage pour lequel on me reprochait d'avoir été trop dur. Je voulais ignorer ses mœurs particulières, qu'il prenait soin de me cacher, et n'ai pu me faire à la petite bande de pédés choisis par lui pour que je les dirige dans ses projets d'exploitation, derrière lesquels il dissimulait un très secret trafic d'opium avec les maîtres du Laos. J'aurais dû prévoir tout cela, qui fait ressortir l'étendue de ma connerie, mais je ne vois pas comment la figure du personnage (Préval dans Cher Picaro et non plus Sébastien) pouvait sortir améliorée d'un nouvel éclairage cinquante ans après.
La grande vadrouille est le seul de vos livres à ne pas avoir été publié ou republié récemment. Cela vous est-il interdit depuis que le titre a été racheté pour le cinéma ou cela tient-il à d'autres raisons ?
Claude Guillebaud avait envisagé de rééditer La grande vadrouille chez Arlea, filiale du Seuil qu'il dirige, mais la confusion avec le film risquait de déplaire et nous avons préféré renoncer.
Le maître à penser Snadjieff que vous nommez pages 137 et 141, c'est Gurdjieff ? Vous avez l'air d'avoir de lui une piètre opinion.
Snadjeff = Gurdjieff, bien sûr. Type d'un charisme incontestable, dont j'ai connu des disciples. Il a hâté la mort de Catherine Mansfield en prétendant la guérir. Un peu de charlatanisme et beaucoup de dégâts, que Pauwels était le premier à reconnaître en dépit de son admiration.
Page 242 vous donnez entre guillemets une citation non signée dans laquelle on peut reconnaître une phrase de Rimbaud, dans Une saison en enfer : " Le meilleur, c'est un sommeil bien ivre sur la grève ". Vous en omettez la syllabe " c'est ". Est-ce pour le plaisir d'en faire un alexandrin ?
J'ai fait la citation sans vérifier dans Rimbaud tant elle me paraissait connue, et en supprimant le " c'est " parce que, isolée du contexte, la musique des mots sonnait mieux, me semblait-il, et sans penser, pour autant, à l'alexandrin.
(Journal documentaire, Messages 3 mai 2005).
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REPONSES DE JACQUES D’ARRIBEHAUDE AU QUESTIONNAIRE DIT DE PROUST
(janvier 2005)
Quel est votre principal trait de caractère ? – L’incertitude.
Quelle qualité appréciez-vous le plus chez un homme ? – La loyauté.
Quelle qualité appréciez-vous le plus chez une femme ? – La bonté.
Quelle est votre vertu préférée ? - La volonté.
Quel est votre principal défaut ? – La paresse.
Quelle est votre occupation préférée ? – La rêverie.
Quel est votre rêve de bonheur ? – Aimer et être aimé.
Quel serait votre plus grand malheur ? – Survivre à la perte de toutes mes facultés.
Qui aimeriez-vous être ? – Un des 13 de Balzac.
Où aimeriez-vous vivre ? – Là où je suis (Nice).
Quelle est votre couleur préférée ? - Bleu roi.
Quelle est votre fleur préférée ? – La pensée.
Quel est votre oiseau préféré ? - Le canari.
Quels sont vos prosateurs préférés ? – Shakespeare, Balzac, Dostoïevski, Céline.
Quels sont vos poètes préférés ? – Villon, Ronsard, Rimbaud, Apollinaire.
Quels sont vos héros favoris dans la fiction ? – Don Quichotte, Fabrice del Dongo, le Prince André.
Quelles sont vos héroïnes préférées dans la fiction ? – Les Illustres Françaises, du roman éponyme du XVIIIe siècle.
Quels sont vos compositeurs préférés ? – Bach, Beethoven, Chopin, Albeniz.
Quels sont vos peintres préférés ? – Angelico, Rembrandt, Velázquez, Goya, Matisse, Bonnard.
Quels sont vos héros dans l’histoire réelle ? – César, Napoléon.
Quelles sont vos héroïnes dans l’histoire réelle ? – Héloïse, Jeanne d’Arc.
Quels sont vos noms favoris ? – Horst, Kurt, Knut (scandinaves ou germaniques, qui claquent comme des épées.
Que détestez-vous par-dessus tout ? – Prétention, lâcheté, bêtise.
Quels personnages historiques méprisez-vous le plus ? – Pilate, nos dirigeants politiques de 36-39.
Quel fait militaire admirez-vous le plus ? / Quelle réforme estimez-vous le plus ? - M'en fous. L'Angleterre se passe de constitution depuis mille ans.
Quel don naturel aimeriez-vous avoir ? – La composition musicale.
Comment aimeriez-vous mourir ? – Intact, sans m’en apercevoir.
Quel est votre état d’esprit présent ? – Le doute, ouvert à l’espoir.
Quelles fautes tolérez-vous le mieux ? – La gourmandise, la curiosité.
Quelle est votre devise ? – Celle du Taciturne : « Il n’est pas besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. "
POST-SCRIPTUM au questionnaire de Proust :
L’incertitude vient en premier. Et pourtant je suis plutôt gai, bon public, me marre facilement. Questions bizarres, choix pas évident pour les réponses. Je n'ai jamais songé à être quelqu'un d'autre et si je m'emmerde quelque part, je vais ailleurs, voilà tout. " Où aimeriez-vous vivre " n'a pour moi aucun sens. Noms favoris : lesquels ? Lieux ? Professions ? Pour les prénoms, les français manquent de musicalité, sonnent neutre, plat. Je préfère les sonorités scandinaves ou tudesques, ou le romantisme latin hispanique ou italien : Consuelo, Maria, Silvio, Salvador, Ettore.
Personnages historiques détestés ? Tout le personnel de la IIIe, mais surtout toutes les crapules vénérées comme " grands ancêtres " de la Révolution et toutes celles qui ont suivi, plus néfastes et stupidement criminelles les unes que les autres.
(par Philippe BILLÉ, dans Notes et documents sur Jacques d'Arribehaude).
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